La création magique d’un kiosque

Suivez l’histoire de la construction hors du commun d’un kiosque où les rêves se mêlent à la réalité. Avec les boa constructors de Dryade et l’école buissonnière de Savoie.

Texte publié le 26 juillet 2023 par Pascale Laussel, à l’initiative de Dryade.

 » J’ai envie de vous raconter une histoire qui me met en joie et en mouvement.

Il y a 4 ans, j’initiais la construction d’un kiosque dans les bois de notre petite forêt drômoise de Dryade. De la cueillette d’arbre au chantier d’immersion-construction collectif, nous avons vécu de beaux moments enrobés par la chaleur de la culture 8 shields. L’œuvre était belle et l’envie de recommencer bien présente.

Et puis, l’année dernière, Marion et Yann Marie de L’Ecole Buissonnière de Savoie me propose de construire leur kiosque des bois. Quelle belle opportunité ! Je sens à quel point j’aime faire ça : partir de la forêt, lire son histoire, sentir s’il est possible d’y cueillir notre charpente, le faire dans l’écoute et le respect, construire en privilégiant à chaque étape le soin et la beauté, la transmission, le partage, la culture qui régénère. Etre en collectif, en immersion, construire ce cocon protecteur avec l’esprit et la culture qui sera vécu et transmise dans ce lieu. Etre dans ses axes, ses essentiels, dès les fondements. Je saisis l’opportunité et rêve que ce soit le galop d’essai d’une nouvelle activité où sens, passion, immersion, beauté, compagnonnage se rejoignent.

J’invite mes compères Stéphane et Michel à mener avec moi ce chantier-formation. Entre foresterie, bucheronnage, charpente, aménagement, animation nature, arts ancestraux, gardiennage de lieu sacré, culture racine, amitié, tous les éléments nécessaires sont là, je me sens en confiance. Avec Marion et Yann Marie Crht, c’est l’humour, la légèreté, la confiance aussi, et toujours cette culture 8 shields vivante.

Alors le 8 juillet nous voilà partis vers la Chambotte avec 3 humains, 2 chiens et un demi-fourgon de scies, de haches, de planes, tiges filetés, visseuses, casques, … sans compter un boomerang et un arc, on ne sait jamais. La confiance est bien présente, la joie aussi.

La colline à vache et le bois qui nous accueillent sont doux, tranquilles. Le son des voitures en bas de vallée côtoie paisiblement le chant des oiseaux. Le démarrage est mouvant, avec de la fatigue et des problèmes de disponibilité mais notre trio garde son axe, sa ligne. Dès le second jour tout est aligné. A 6h, mardi, un chêne tombe en silence, coupé au passe partout et à la hache, dans une présence calme, au son du tambour et du pic épeiche. Du sacré sans froufrou. Après une journée de prise de contact, d’écoute du lieu, des arbres, les énergies se libèrent, les corps s’activent, transpirent. C’est bon. La quinzaine d’arbres coupés tombent avec précision, sans entrave, sous la direction de Stéphane. La forêt respire mieux, la lumière entre, juste ce qu’il faut. Les cœurs exultent. Sur le chantier les trous sont prêts et Michel aux commandes honore le chêne-lierre en le transformant en poteaux invisibles, comme s’ils avaient toujours étaient là. Yann Marie aux fourneaux proposent odeurs et couleurs succulentes. La bouilloire au bois crépite. Marion sur le tracteur fait le pont entre forêt et clairière. Les autres adultes présents passent d’un atelier à l’autre, apportent leurs touches, s’adonnent aux joies de la plane et de la scie. Gratitude aux châtaigners pour leur douceur, leur souplesse, leur odeur, leur sensualité, leur résistance à l’eau, leur fruits, leur lumière.

Tout raconter serait trop long. Et pourtant revivre chaque instant serait bon. Je garde l’image de ces hommes sur le toit qui ont laissé place progressivement à des binômes mixtes puis à des femmes libérées qui célèbrent, chantent et dansent perché là-haut, sur cette œuvre qui déjà fascine. A chaque arrivée devant le kiosque en création, un temps d’arrêt devant cette beauté, presque incrédule que ce soit nous qui soyons les mains à l’ouvrage. Quelque chose qui est au-delà de nous, où chacun.e de nos rêves/intentions prend sa place dans une œuvre plus grande, qui se révèle un peu ici. Je revois les participant.es chanter chaque jour un peu plus, prendre place dans les cercles, s’étonner de la tolérance, de la bienveillance, de l’accueil qui règne ici. Je vois des dons et de la réciprocité dans une construction qui va bien au-delà de ce bout de kiosque. Je vois nos aînés qui nous ont donné les moyens de créer ça et ce qui sera vécu après notre passage. Je vois le sacré et le profane qui dansent. Je vois une place pour chaque petit bout de bois, chaque petit bout d’humain. Je vois des envies de recommencer encore et encore.

Merci Yann Marie, Marion, Stéphane, Michel, Mika, Agnès, André, Tino, Anthonin, Mathieu, Crystel, Clémentine, Tommy, Manon, Jean Luc, Maïté, Philippe, Sam, André, l’équipe de la fondation Snowleader, les buses, les milans, les pics, les tourterelles, les écureuils, les chênes, frênes, merisiers, sorbiers blancs, noisetiers, le vieux tracteur, la pluie, le soleil, la lune, les lapias, et tant d’autres qui ont fait de cette semaine une merveille.

Si vous avez envie de découvrir ce kiosque, L’Ecole Buissonnière d’Aix les Bains reprend ses journées famille en septembre. Et pour tout envie d’aménager et de construire en forêt sous forme de chantier-formation intégrant la connexion profonde à la nature, l’équipe des Boa constructors de Dryade est là.